Son premier album «Drill FR 5» est arrivé en tête des ventes la semaine de sa sortie. Rencontre avec Gazo, rappeur inspiré au parcours plus qu’atypique.
Voilà un numéro un que l’on n’a pas vu venir. Gazo, jeune francilien de 26 ans, amateur de drill, ce nouveau style de hip-hop avec paroles souvent violentes, sombres sur des rythmes lents avec souvent de l’autotune qui transforme la voix. Avec sa première mixtape « Drill FR 5 », sortie il y a trois semaines, il s’est retrouvé instantanément en tête des ventes et se maintient toujours encore dans le Top 10 aujourd’hui. « J’ai été surpris par tant de succès, se réjouit Gazo, dans les coulisses de Dans le club, une émission musicale qu’il a enregistré pour Arte ce jeudi. C’est dingue d’être devant Grand Corps Malade, un artiste que j’ai écouté beaucoup quand j’étais jeune. »
En tout, ce premier projet, s’est écoulé à près de 18 000 exemplaires en trois semaines. « C’est virtuel avec l’absence de concert mais dans la rue, on me reconnaît davantage. Surtout avec ma dégaine », s’amuse le jeune homme, à la carrure imposante et à la voix éraillée.
Placé en foyer à 11 ans
S’il y a bien une chose qui saute aux yeux, c’est effectivement on style. À l’image de SCH, Damso ou Hamza, Gazo fait aussi partie de ses personnalités qui pensent que le son passe aussi par l’image. Dread locks mi-longues tressées impeccables, ses dents en diamant, sa joaillerie clinquante et ses lunettes dorées sans monture : des looks inspirés par ses idoles, le mythique rappeur new-yorkais Pop Smoke, Lil Wayne et autres Juice Wrld et XXXTentacion. « C’est mon rêve de gosse de leur ressembler. Et puis, à Paris, il vaut mieux être toujours bien conditionné si on rencontre quelqu’un, une fille ou un mec qui va te demander une cigarette… et te proposer un casting. J’aime bien les vêtements de marque comme Gucci, maintenant que j’ai les moyens de me les payer de façon honnête. »
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Ça n’a pas toujours été le cas. À 11 ans, Gazo est placé en foyer, sur décision de justice, jusqu’à sa majorité. Une enfance qui le marque au fer rouge. « J’ai arrêté l’école en sixième. Honnêtement je n’étais pas facile, mais la proportion de ces jeunes placés qui s’en sortent est très faible. J’étais en cours avec des mecs qui ne parlaient pas un mot de français, avec des livres de CE1 alors que j’avais 15 ans. » Mais la musique le suit. Le rap des anciens lui donne de la force. « J’écrivais dans ma chambre, on s’amusait à s’inventer des petits clashs entre nous », glousse-t-il.
Un duo avec Gims
À 18 ans, sans diplôme, ce grand gaillard se retrouve à la rue parfois, dans des squats souvent. Il enchaîne « les activités illicites pour s’en sortir ». « C’est ça les vrais problèmes de la vie. Quand on s’en sort, on devient plus costaud pour affronter le reste. J’ai vécu pendant des années sans papiers d’identité, livré à moi-même. Quand j’ai commencé à avoir des revenus dans la musique, la Sécu’ne me retrouvait même plus car je n’avais plus de carte vitale. »
Gazo livre des morceaux régulièrement sur YouTube, et commence à se faire une petite réputation. « Chaque vidéo faisait environ 30 000 vues, mais c’était stable. Je me suis dit qu’il fallait un truc bien à moi pour me démarquer. Comme MHD avec son afrotrap, moi ce sera la drill. Et cela prend avec ce style à ne pas mettre entre toutes les oreilles. Ces paroles crues ne sont pas pires que celles des stars américaines que tout le monde écoute et qui disent bitches à chaque fin de phrase, cela fait partie du package du rappeur », assure-t-il.
Parmi ses illustres parrains, Gims l’a convié sur son dernier album « Le Fléau ». « Quand il m’a invité sur ce duo, j’ai été très étonné, mais c’était super. On a beaucoup parlé, lui aussi est parti de rien. Et aujourd’hui, c’est un modèle. »