L’histoire de Hakai ne se raconte pas le temps d’un roman à l’intrigue parfaitement ficelée. Non, pour parler de Hakai, il faut se lancer dans une série de récits, tous témoins de périodes bien distinctes dans son évolution. Un peu à la manière d’un manga, dont on tournerait les pages avec envie et appréhension.
Hakai est avant tout un enfant d’Internet. Le jeune garçon qu’il est ne se contente pas que du rap pour faire son éducation musicale, naviguant entre certains clips marquants de son époque et plongeant dans les tendances les plus répandues du moment. Bien entendu, le rap n’est jamais loin. Comme beaucoup de gens de sa génération, Hakai découvre Kaaris et se prend la claque Or Noir de plein fouet. Ses premières ébauches musicales arriveront quelque temps après.
Une après-midi, Hakai est seul chez lui. Plutôt que d’allumer la PlayStation, le collégien se tourne vers l’ordinateur et le logiciel Audacity. Là, il enregistre ses deux premiers morceaux, un premier sur Call of Duty et un deuxième sur FIFA.
À l’époque, Hakai passe le plus clair de son temps sur YouTube ou sur sa console. Ses modèles s’appellent alors WarTek ou MrLEV12. FIFA et Call of Duty sont les jeux qui lui permettent de tuer l’ennui, ceux dont il ne peut pas se lasser.
Tout naturellement, il ouvre une chaîne YouTube sur laquelle il poste ses deux premiers morceaux, depuis supprimés. Et l’expérience ne sera pas concluante. Certains de ses amis tombent sur les morceaux, et ne manquent pas de le prendre à parti. Des moqueries qui éloigneront Hakai de la musique pendant quelque temps.
Après une grosse désillusion au football, sa première vraie passion, Hakai se sert de sa chaîne YouTube pour partager et parler de ce qu’il aime. Du gaming dans un premier temps et les mangas dans un second.
PNL débarque alors dans le paysage francophone. Deuxième claque pour Hakai après celle prise sur Or Noir. Grâce à cette vague de fraîcheur, le jeune homme se remet dans le rap. Pas forcément à l’aise pour parler de lui, Hakai navigue entre ses personnages d’animés préférés et raconte leurs histoires en 34 mesures. Une proposition originale qui lui permet rapidement de se construire une fan-base fidèle et solide.
Très vite, Hakai balance un premier projet de six titres, Broke, entièrement réalisé en indépendance, qui lui permet d’asseoir un peu plus son univers et de contenter ceux qui le suivent. Le cap des 1000 écoutes passé sur chaque morceau, le basculement va se faire grâce à “Nuage Rouge”. Re-partagé des tonnes de fois, le morceau convainc Hakai que sa place est ici, dans le rap.
Il enchaîne avec “Kakashi“ mais surtout “Minato” morceau qui se fait même une place parmi les tendances France sur YouTube. À ce moment-là, les premières propositions de maison de disques affluent et Hakai quitte alors son ordinateur et sa ville en direction de Paris. Signé dans un label indépendant, sa vie change.
Embarqué dans une aventure qui semble à peine commencée, Hakai est submergé par une vague à laquelle personne n’échappe : celle de la pandémie et du confinement.
Isolé à Lyon, le rappeur perd peu à peu le goût de la musique. Là, lors de cette escale, Hakai découvre une autre vie, faite de soirées et de fêtes pendant que les chiffres baissent et que son label ne semble plus lui faire confiance.
Composant avec les inimitiés et les coups bas que sa nouvelle vie lui réserve pendant près d’une année, Hakai signe un seul morceau en 2021 : “Cicatrices”. Peut-être sa meilleure œuvre jusqu’alors. La rage accumulée pendant douze mois ressurgit, le temps d’un morceau guidé par l’introspection.
Après cette traversée du désert, “Cicatrices” l’a relancé. À la force de sa volonté, Hakai réalise AKUMA, son projet le plus récent. Propulsé par un concours organisé par Inoxtag, ce nouveau projet est le début de quelque chose de nouveau. Désormais séparé de sa première maison de disques, Hakai s’avance vers la suite, Höllow, projet qui devrait prolonger l’authentique mélancolie qui fait sa musique.
Ce nom, il le tire de Bleach, manga dans lequel les Höllow sont des âmes errantes. Une image qui a directement parlé à Hakai et qui n’est que la première étape d’une série avec laquelle il compte bien prouver que AKUMA n’était pas qu’un one-shot.