Au cœur de Conakry, la capitale de la Guinée, un jeune garçon prénommé Smokey grandit dans un petit quartier, bercé par le poids de la pauvreté. Sa famille, comme beaucoup d’autres, a du mal à joindre les deux bouts, mais Smokey est différent. Malgré les difficultés, il a en lui un feu que rien, ni la faim, ni les rues impitoyables, ne peuvent éteindre. Il trouve du réconfort dans la musique, dans les rythmes des djembés et dans les mélodies des griots qui racontent les histoires de son peuple. Mais la vie à Conakry est une bataille sans fin. Il rêve d’un avenir meilleur, un avenir qui semble impossible dans les ruelles exiguës de son quartier.
À l’âge de 15 ans, Smokey a déjà abandonné l’école et déménagé en Gambie où il a commencé à écrire des chansons et à rapper sur son quartier tout en travaillant pour aider sa famille. Mais malgré tous ses efforts, l’avenir auquel il aspire reste hors de portée. Un soir, assis sous les étoiles, Smokey prend une décision. Il va partir. Il avait entendu parler d’autres personnes qui avaient pris la route dangereuse du nord, à travers le désert du Sahara, à travers la Méditerranée, jusqu’en Europe. C’était un chemin semé d’embûches, mais pour Smokey, c’était un risque qui valait la peine d’être pris.
Avec à peine les vêtements qu’il portait sur le dos, Smokey se lança dans son voyage. Il voyagea avec l’un de ses frères de sang, tous deux animés par la même soif d’une vie meilleure. Ils traversèrent le Mali, le Niger et finalement la Libye, un pays déchiré par la guerre civile. Ce qu’ils y trouvèrent était bien pire que les difficultés qu’ils avaient laissées derrière eux.
Une nuit, dans le chaos de leur arrivée en Libye, Smokey et son frère furent capturés par une milice. Ils furent réduits en esclavage, battus, affamés et vendus d’un groupe rebelle à un autre. Le premier groupe les utilisa comme ouvriers, construisant des fortifications pour leurs batailles. Lorsqu’ils en eurent assez des captifs, ils vendirent Smokey à une autre faction. Dans l’obscurité de sa captivité, Smokey avait du mal à croire que c’était le chemin qu’il avait choisi. Mais au fond de lui, le feu restait. Il ne voulait pas abandonner.
Après des mois de traitement comme un animal, Smokey a été jeté en prison, aux côtés d’autres migrants et de son frère qui avaient été capturés ou vendus. Il a passé trois mois en prison, dans une cellule bondée de gens comme lui, des gens qui avaient tout risqué pour l’espoir de la liberté. Mais dans les moments les plus sombres, Smokey s’accrochait à sa musique. Il fredonnait des chansons à voix basse pour ne pas être entendu par les gardes, mais assez fort pour se rappeler qu’il était toujours en vie.
Quand Smokey et son frère ont finalement été libérés, il était plus maigre, plus faible, mais pas brisé. Beaucoup d’autres ont décidé de rentrer chez eux, incapables d’affronter plus longtemps les dangers. Mais Smokey ne pouvait pas supporter l’idée de rentrer sans rien. Il a décidé d’aller de l’avant.
Avec le peu d’argent qu’il a pu réunir et avec l’aide d’un de ses frères de Paris, il a trouvé un moyen d’atteindre la côte méditerranéenne. La mer devant lui était vaste et mortelle, et d’innombrables personnes avaient péri en essayant de la traverser. Mais Smokey était allé trop loin. Il embarqua sur un bateau fragile et surchargé avec des dizaines d’autres migrants. La traversée fut un cauchemar : tempêtes, faim et peur les tenaillaient tous. Mais après des jours de dérive, ils furent finalement secourus par un navire humanitaire et amenés sur les côtes italiennes.
Smokey avait du mal à croire qu’il avait réussi. De là, il traversa l’Italie, franchit les frontières de la France. Il arriva à Paris sans rien : sans argent, sans maison, juste le poids de son passé et du rêve qui l’avait porté jusqu’ici. Mais Paris ne marqua pas la fin de son voyage ; c’était un nouveau départ.
Smokey trouva à nouveau du réconfort dans la musique, cette fois dans les rythmes afrobeats et amapiano qui résonnèrent dans les rues de la ville. Il écrivit son histoire dans des paroles, déversant sa douleur, sa lutte et sa résilience dans chaque couplet. Il rappa sur les rues de Conakry et l’espoir qui le maintenait en vie. Il trouva un petit studio qui lui permit d’enregistrer et sa voix commença à s’élever.
Petit à petit, sa musique commença à attirer l’attention. Son honnêteté brute et sans filtre a touché une corde sensible chez des gens qui n’avaient jamais connu les difficultés qu’il avait endurées, mais qui pouvaient sentir la puissance de ses mots. Le nom de Smokey a commencé à se répandre. Il n’était plus seulement un garçon des bidonvilles de Conakry. Il était un artiste, une voix pour les sans-voix, un survivant.
avait réussi. Mais il ne s’agissait pas seulement de se rendre en Europe. Il s’agissait de trouver sa voix, son but.
De Conakry à Paris, d’un garçon sans rien à un artiste avec tout, le voyage de Smokey était loin d’être terminé. Mais maintenant, il avait le pouvoir de choisir son chemin, de créer son propre avenir. Et dans chaque battement, dans chaque parole, il portait avec lui les espoirs et les rêves de tous ceux qui avaient osé rêver au-delà de leurs circonstances.